un jour de l'an.

Le jour de l'an dans un verre en plastique
un minuit à 20 fois 1 $
la nouvelle année qui reste coincée dans ma gorge
un sablier de blanche en fût

jouer au bilboquet

la pression du sang dans mes oreilles
la vitre de mes yeux
embués
j'déparle au décompte
je ne compte plus mes paroles
à 10 mots ou 10 secondes...d'une nouvelle minute.

d'une nouvelle minute qui ressemble à toutes les autres.

des résolutions en soluté
un sérum de vérités
en seringue de bonnes intentions
j'virre dingue, j'peux pas l'éviter.

le sang qui se liquéfie,
en rouge à lèvre.
des mots tranchants qui scient mes idées floues.

un petit navire dans la mer de gens
je nage comme un chien,
pour arriver jusqu'à la porte
de l'air froid qui n'apaise pas mon souffle court.

un jour de l'an comme un autre.
de quel jour, de quel an, c'est du pareil au même.
un autre spectacle.

mais la vie ne se sépare pas en années... elle est une continuité.
y a-t-il vraiment des degrés d'intensité?
une échelle permet de grimper...et de redescendre..
dans l'eau, le reflet de quelqu'un qui grimpe est celui de quelqu'un qui descend.

un besoin de célébrer.
un jour de l'an qui donne l'illusion de passer à autre chose.
qui permet de dire qu'hier est aussi l'an passé.
que demain est peut-être l'an prochain.

j'suis née en 88,
mon jour de l'an c'était le 25 octobre, v'la 20 ans.
depuis, y'a que des gens, des émotions, des situations surtout.
des paroles, des images, des films, de la musique, des idées.
j'ai pas changé depuis l'an passé.

j'aime à penser qu'un sablier contient des grains de sucre...
si le temps brisait, ce serait sucré sur mes lèvres assoiffées.
et le temps pourrait fondre et se dissoudre.

si les rides prouvent que le temps passe
elles créent aussi une ouverture.
dommages qu'il n'y ait pas de rides dans l'esprit.

une "nouvelle" année n'efface pas "l'ancienne"
la machine n'expire pas.
vieillir ne veut pas dire périr.
j'ai le coeur qui bat encore 100 miles à l'heure.
j'ai soif.

moi j'compte les années en temps des fraises.
quand les fraises de ste-madeleine arrivent, ça fait un an.
c'est aussi un jour de l'an.

y'en a qui ont un sablier comme système sanguin.
leur sang coule.
la fin n'existe que s'il y a un début.

moi j'suis toujours rendue au milieu.

Marje

Joli...
il y a vraiment de tout...
je t'avoue qu'il m'a fait rougir après l'avoir relu
mais même miron rougit de sa jeunesse
pour mesurer l'accident il faut d'abord une expérience
ton texte me fait penser
que j'aime bien qu'une journée n'arrive qu'une seule fois
ça la rend exclusive
quoique celles qui reviennent me rendent quelque peu nostalgique... !
dans la nature, il n'y a rien de pareil, pas même les sons ou les jours
faisons de même avec les chiffres et les lettres
E n'égal pas E
Écrit toutes les rages que tu veux !

Bravo Marje!
j'aime bien tes clins d'oeil du genre «jouer au bilboquet», et puis tout le reste...
pour ce qu'il en reste de ces soirées, à se demander c'que c'est qu'une bonne année...
je t'en souhaite tout plein de colorées!